Douce Mère, ici Sri Aurobindo écrit : "Pendant toute cette
[première] période, il [l'individu] doit travailler à
travers les instruments de la Nature inférieure,..."
(La Synthèse des Yoga, Vol. I, p. 125)
Quel est ce travail et comment s'effectue-t-il?
Il y a un côté positif et un côté négatif à ce travail.
Le côté positif est d'accroître son aspiration, de développer
sa conscience, d'unifier son être, de s'intérioriser
pour entrer de plus en plus en rapport avec son être psychique;
de prendre toutes les parties ou tous les mouvements,
toutes les activités de son être, de les présenter
devant cette conscience psychique pour qu'elles prennent
leur place véritable vis-à-vis de ce centre; enfin, d'organiser
toute l'aspiration vers le Divin et le progrès vers le Divin.
C'est le côté positif.
En même temps, le côté négatif consiste à refuser méthodiquement
et avec discernement toutes les influences qui
viennent du dehors, ou du subconscient, ou de l'inconscient,
ou de l'entourage, et qui s'opposent au progrès spirituel. Il
faut discerner ces influences, ces suggestions, ces
impulsions, et les refuser systématiquement sans jamais se
décourager de leur persistance et sans jamais céder à leur
volonté. Il faut en même temps s'apercevoir dans son être
des différents éléments obscurs, égoïstes, inconscients, ou
même de mauvaise volonté, qui répondent, consciemment
ou non, à ces influences mauvaises et qui leur permettent
non seulement de pénétrer dans la conscience, mais quelquefois
de s'y installer. C'est le côté négatif.
Les deux doivent être poursuivis en même temps.
Suivant les moments, suivant les occasions, suivant la
facilité intérieure, il faut insister tantôt sur l'un tantôt sur
l'autre, mais ne jamais les oublier, ni l'un ni l'autre.
Généralement, tout progrès que l'on fait d'un côté a sa
contrepartie dans l'attaque des forces adverses de l'autre
côté. Alors, plus on avance, plus on doit devenir vigilant.
Et la qualité la plus nécessaire, c'est la persévérance, l'endurance,
et une... comment dire... une sorte de bonne
humeur intérieure qui fait que l'on ne se décourage pas, que
l'on ne s'attriste pas, et que l'on fait face en souriant à
toutes les difficultés. Il y a un mot anglais qui exprime cela
très bien, c'est cheerfulness. Si l'on peut garder cela au-dedans
de soi, on lutte beaucoup mieux, on résiste beau-coup
mieux, dans la lumière, à ces influences mauvaises qui
essayent d'empêcher de progresser.
Voilà le travail. Il est vaste et il est complexe. Et il ne
faut jamais rien oublier.
Douce Mère, "Le Suprême a posé sa main lumineuse sur un
instrument humain choisi pour manifester sa Lumière, sa
Puissance et sa Félicité miraculeuses."
(La Synthèse des roga, Vol. I, p. 128)
Est-ce que c'est le Suprême qui choisit l'être qui sera son
instrument, ou est-ce l'être qui choisit de devenir
l'instrument?
C'est comme tu veux.
On ne peut pas savoir qui a commencé ! Mais les deux
se produisent généralement en même temps.
Si tu veux un ordre de priorité, il est évident que le
Divin existe avant l'individu, alors ce doit être le Divin qui
a choisi pour la première fois ! Mais cela, c'est un choix
antérieur à la vie terrestre. Dans l'ordre de la conscience
humaine ordinaire, ce peut être l'un ou l'autre, ou les deux à
la fois. En fait, il est probable que c'est le Divin
qui le premier s'aperçoit que celui-ci ou celui-là est prêt!
Mais celui qui est prêt, généralement, commence par ne pas
le savoir, alors il a l'impression que c'est lui qui a décidé et
qui choisit. Mais ce doit être plutôt une impression qu'une
réalité.
Et une fois que l'on est choisi, c'est inéluctable, on ne
peut pas échapper, même si l'on essaye.
Douce Mère, ici je voudrais une explication : "Dans la
dernière période, il n'y a plus aucun effort, aucune méthode
établie, aucune sddhand fixe : l'effort et la tapasyd font place
à l'éclosion spontanée, simple, puissante et joyeuse de la
fleur du Divin sur le bourgeon d'une nature terrestre purifiée
et perfectionnée."
(La Synthèse des roga, Vol. I, p. 127)
C'est une forme poétique.
Mais qu'est-ce que tu ne comprends pas? Pourquoi il a
parlé de bourgeon et de fleur?
je demande cela, parce que le bourgeon s'ouvre dans une
fleur sans aucun effort, mais nous, nous avons l'effort à faire,
n'est-ce pas?
Il dit que cela, c'est le moment où l'on est prêt; c'est
justement pour te faire penser "mais le bourgeon s'ouvre
sans effort" ; alors quand la nature est prête, il se produit la
même chose que pour le bourgeon.
"Effort", je ne sais pas ce que nous appelons effort, il
n'est pas sûr que la plante ne fasse pas d'effort. Et en tout
cas, elle a une aspiration; quand les plantes croissent, c'est
le résultat d'une aspiration vers la lumière, vers le soleil,
vers l'air libre.
Et c'est une sorte de compétition. Si l'on va dans un
bois, par exemple, dans un parc où il y a beaucoup de
plantes différentes, on peut très bien observer qu'il y a une
sorte de compétition entre les plantes pour passer à travers
les autres et atteindre la lumière et l'air libre au-dessus. C'est
même assez merveilleux à voir.
Maintenant, Sri Aurobindo veut dire que, quand on s'est
bien préparé et que la nature est prête, eh bien, le dernier
mouvement est comme un épanouissement spontané — cè
n'est plus un effort, c'est une réponse. C'est une action
véritablement divine dans l'être : on s'est préparé et le
moment est venu, alors le bourgeon s'ouvre.
De même que dans les plantes il y a une aspiration pour
grandir, est-ce que dans les enfants aussi il y a une aspiration
pour grandir?
Oui. Même, elle est très souvent consciente : ils veulent
devenir grands.
Alors, est-ce que cela dépend de leur aspiration, s'ils sont
grands ou petits?
À un certain moment, oui. J'ai connu véritablement des
enfants qui ont grandi parce qu'ils avaient une très forte
volonté de grandir.
Oui, cela a une action, même quand on n'est plus tout à
fait un enfant. J'ai eu des exemples de gens qui avaient
grandi même à vingt-cinq ans, tellement ils étaient anxieux
de grandir. Et je ne parle pas de ceux qui ont fait de la
culture physique, parce que c'est différent; avec la culture
physique on peut changer très considérablement son corps;
je parle simplement d'une aspiration, d'une volonté intérieure.
Le corps est suffisamment plastique jusqu'à vingtcinq
ans. Après, il faut faire intervenir des méthodes plus
scientifiques, comme la culture physique; et si c'est fait
d'une façon savante et logique, on peut obtenir des résultats
merveilleux. Mais il faut derrière, toujours, la volonté,
c'est très important; une sorte d'aspiration tenace, une
connaissance, ou une foi aussi, que l'on n'est pas lié nécessairement
par l'atavisme.
Parce que, évidemment, comme dans les plantes, on est
limité par la graine d'origine, l'espèce à laquelle on
appartient. Mais il y a tout de même une grande marge. J'ai
vu maintes fois des enfants qui étaient considérable-ment
plus grands que leurs parents, par exemple, et qui vraiment
l'avaient voulu. Évidemment, c'était avec une certaine
résistance et dans une certaine limite, mais on peut repousser
la limite beaucoup.
Et au fond, selon les théories de l'hérédité et de l'atavisme,
on dit que les hérédités peuvent passer des générations,
et il y a peu de familles qui n'aient eu au moins un
membre qui soit grand et qui puisse légitimer la haute taille
des petits-enfants ou des arrière-petits-enfants.
Douce Mère, est-ce qu'une plante peut grandir autre-ment
que physiquement?
Il y a dans les plantes une grande force vitale. Et cette
force vitale agit considérablement. Et il y a aussi le génie de
l'espèce, qui est une conscience. Il y a déjà une conscience
active qui agit dans les plantes.
Et dans le génie de l'espèce, il y a un commencement —
très embryonnaire, mais enfin —, il y a un commence-ment
de réponse à l'influence psychique, et certaines fleurs sont
évidemment l'expression d'une attitude et d'une aspiration
psychiques dans la plante — pas très conscientes de soi,
mais qui existent comme un élan spontané.
Il est tout à fait certain que, par exemple, si vous avez
une affection spéciale pour une plante, en plus du soin
matériel que vous lui donnez, si vous l'aimez, si vous vous
sentez proche d'elle, elle le sent : son épanouissement est
beaucoup plus harmonieux, heureux, sa croissance est
meilleure, sa durée est prolongée. Tout cela implique une
réponse dans la plante elle-même. Par conséquent, il y a la
présence, là, d'une certaine conscience; et certainement, la
plante a un être vital.
Mère, est-ce que la plante a une individualité propre et
même se réincarne après la mort?
Cela peut arriver, mais c'est accidentel.
Il y a des arbres — des arbres surtout — qui ont vécu
très longtemps et qui peuvent être la demeure d'un être
conscient, d'un être vital. Généralement, ce sont des individualités
vitales qui prennent refuge dans les arbres, ou
bien certains êtres du vital qui habitent les forêts. Comme
dans l'eau, certains êtres du vital y habitent. Il y avait de
vieilles légendes comme cela, mais elles étaient basées sur
un fait.
La plante sert de demeure et d'abri, mais l'être n'est pas
construit par la plante elle-même !
(silence)
L'être qui est choisi par le Divin, peut-il le comprendre dès
sa naissance?
Même avant sa naissance.
Peut-être que sa naissance est le résultat de ce choix;
généralement, c'est comme cela. Mais à n'importe quelle
époque de la vie, cela peut se produire. Mais pour ceux qui
sont prédestinés, c'est avant la naissance; générale-ment, ils
sont venus sur la terre avec une intention et dans un but
déterminé.
Tu voudrais bien savoir si cela t'est arrivé, hein! (rires)
Eh bien, essaye — essaye de savoir : aie cette aspiration
intérieure, fais une concentration, et puis essaye. Si tu as
des résultats, tu me le diras; je te dirai si c'est correct.
(S'adressant à un autre disciple) Lui, il a encore quelque
chose dans la tête !
Mère, pour continuer cette question de la dernière phrase :
"Le Suprême a posé sa main sur un instrument humain
choisi pour manifester sa Lumière,..."
Oui.
Est-ce que cela peut être général ou est-ce un sur un
million?
Qu'est-ce que vous voulez dire par là, "général"? Tous
les hommes qui sont sur la terre? C'est cela que vous voulez
dire?
Ceux qui aspirent et font le yoga, ou bien est-ce un seul?
Oh! cela commence à prendre forme ! (rires) Est-ce
seulement un individu que le Divin choisit pour Le manifester,
ou s'Il peut en choisir plusieurs? Il en choisit
plusieurs.
Mais là aussi, il y a une hiérarchie. On ne peut rien
comprendre à la vie spirituelle si l'on ne comprend pas la
vraie hiérarchie.
Maintenant ce n'est pas à la mode. Dans la pensée
humaine, c'est une chose que l'on ne favorise pas du tout.
Mais au point de vue spirituel, elle est automatique, spontanée
et indiscutable. Et alors, si la hiérarchie est vraie, il y
a une place pour tout le monde; et pour chaque individu à la
place où il est, sa vérité individuelle est absolue. C'est-àdire
que chaque élément qui est vraiment à sa place a une
relation totale et parfaite avec le Divin — à
sa place. Et pourtant, dans l'ensemble, il y a une hiérarchie
qui est aussi tout à fait absolue. Mais pour comprendre la
vie spirituelle, il faut d'abord comprendre cela; et ce n'est
pas très facile.
Chacun peut être l'expression parfaite du Divin, en luimême,
à condition qu'il sache sa place, et qu'il y reste.
Et s'ils ne connaissent pas la hiérarchie, ils ne peuvent pas
savoir?
Mais ils n'ont pas besoin de savoir qu'ils sont hiérarchisés,
il n'est pas nécessaire de le savoir. Ce n'est que si
l'on veut organiser physiquement une société spirituelle,
alors là on est obligé de matérialiser la hiérarchie. Mais
généralement, dans le monde tel qu'il est, il y a tant de trous
dans cette hiérarchie que cela paraît une confusion.
La hiérarchie parfaite est une hiérarchie totale, et elle ne
se soucie ni du temps ni de l'espace. Mais quand vous
voulez réaliser cela physiquement, cela devient très difficile.
C'est comme une étoffe que l'on tisserait avec des
quantités de trous partout; et les trous, cela dérange
l'harmonie générale. Il manque toujours des gens, il manque
des échelons, il manque des pièces sur l'échiquier — ça
manque. Alors, cela a l'air d'une confusion. Mais si tout
était exprimé et chaque chose à sa place, ce serait une
harmonie parfaite et une hiérarchie parfaite.
Il y a quelque part (pas dans l'univers matériel, mais
dans l'univers manifesté) cette hiérarchie parfaite; elle
existe. Mais elle n'est pas encore manifestée sur terre.
Peut-être que ce sera l'un des résultats de la transformation
supramentale : le monde sera prêt à une manifestation
hiérarchique parfaite, spontanée, essentiellement
vraie — et sans coercition d'aucun genre — où chacun aura
conscience de sa perfection propre.
Mère, que veut dire exactement la hiérarchie spirituelle?
Parce que, quand on parle de hiérarchie, cela implique
quelque chose qui est rangé dans un ordre supérieur et
inférieur, non?
Oui, et c'est tout à fait faux. C'est-à-dire que, matériellement,
c'est comme cela. Mais ce n'est pas ce que
j'appelle une hiérarchie.
Alors, qu'est-ce qu'une hiérarchie?
C'est l'organisation des attributions et la manifestation,
dans l'action, de la nature propre de chacun.
On a essayé plusieurs fois de faire des comparaisons,
mais elles ne valent rien. Parce que, aucune des choses que
nous connaissons physiquement ne peut répondre à cette
condition-là. Il y a toujours ce que tu dis, le sens de la
supériorité ou de l'infériorité... Certains ont comparé la
hiérarchie aux diverses fonctions du corps, par exemple.
Mais cela donne toujours' l'impression que la tête est en haut
et les pieds sont en bas, alors c'est gênant!
Chaque élément est tout le Divin en même temps, alors
comment peut-on parler de hiérarchie?
Chaque élément a un rapport direct et parfait avec le
Divin.
Mais est-ce qu'ils ne peuvent pas devenir tout le Divin?
Oui, tous deviennent le Divin; mais pas la totalité du
Divin, parce que le Divin, c'est tout. Tu ne peux pas prendre
un morceau du Divin et dire : "Ça, c'est le Divin." Et
pourtant, dans sa conscience spirituelle, chacun a une
relation parfaite avec le Divin, c'est-à-dire que chacun est
aussi parfaitement le Divin qu'il peut l'être. Mais pour
reconstruire le Divin, c'est tout le Divin qui est nécessaire. Et
c'est justement cela qui constitue l'essence même de la
hiérarchie. Mais comme chacun est parfait en soi, il ne peut
pas y avoir de sentiment d'infériorité ou de supériorité.
Je ne crois pas que la mentalité humaine puisse comprendre
cela. Je crois qu'il faut le vivre; une fois qu'on l'a
vécu, c'est très simple, cela paraît lumineusement simple.
Mais pour le comprendre avec le mental, ce n'est pas possible,
cela paraît impossible. Surtout que le mental, pour
pouvoir comprendre quoi que ce soit, est obligé de tout
diviser et de tout opposer, autrement il ne comprend pas, il
est dans une confusion. Par son fonctionnement même, il se
rend incapable de comprendre.
(silence)
Douce Mère, comment peut-on dire qu'un fait est "déjà
accompli" quand il ne s'est pas encore manifesté, par
exemple que le Divin a choisi un instrument, quand rien
n'est encore apparent?
Oui, dedans, dans le monde qui n'est pas encore manifesté,
la décision est là, c'est fait là; mais alors, il faut que
cela vienne à la surface.
C'est exactement l'équivalent individuel de ce que je
vous ai raconté plusieurs fois déjà à propos de la liberté de
l'Inde. Après être allée à un certain endroit, j'ai dit à Sri
Aurobindo : "L'Inde est libre." Je ne lui ai pas dit : "Elle
sera libre", je lui ai dit : "Elle est libre." Eh bien, entre ce
moment-là, où c'était un fait accompli, et le moment où cela
s'est traduit dans le monde matériel sur la terre, combien
d'années a-t-il fallu? C'était en 1915, et la libération a eu
lieu en 1947, c'est-à-dire trente-deux ans. Voilà, c'est
l'image exacte de la résistance.
Alors, pour l'individu, c'est la même chose; cela prend
quelquefois aussi longtemps que cela, quelquefois cela va
plus vite.
Tu dis que tu avais vu l'Inde libre...
Non, je n'avais pas vu : je savais.
Tu as dit à sri Aurobindo : "L'Inde est libre." Est-ce que
l'Inde était libre entièrement ou coupée en deux comme elle
est à présent?
Je voulais dire spécialement ce qui s'est passé en 1947,
c'est-à-dire que la domination étrangère s'est retirée, c'est
tout. Pas autre chose que cela, pas sa liberté morale ou
spirituelle, je n'ai pas parlé de cela du tout. J'ai simplement
dit qu'elle était libérée de la domination étrangère,
puisque même, à une question que Sri Aurobindo m'a
posée, j'ai répondu (du même endroit) : "Il n'y aura aucune
violence, cela se fera sans révolution, ce sont les Anglais
qui d'eux-mêmes décideront de s'en aller, parce que la
place sera intenable à la suite de certaines circonstances
terrestres" ; par conséquent, il s'agissait seulement de cela,
il n'y avait aucune question spirituelle là-dedans.
Et les choses se sont passées comme cela. Et je l'ai dit à
sri Aurobindo en 1915, exactement. C'était tout là, c'était
là. Je n'ai rien deviné ni prophétisé : c'était un fait.
Et alors, cela vous donne exactement l'image du temps
qu'il faut entre le fait établi et la réalisation intérieure. Et
pour l'individu, c'est la même chose : il est choisi, il a
choisi; et il a choisi le Divin et il est choisi; et c'est une
affaire qui est décidée; et cela se produira inéluctablement,
on ne peut pas échapper, même si l'on essaye. Seulement,
cela peut prendre très longtemps.
Mère, (rires) je demandais... Tu as dit que l'Inde était
libre en 1915, mais est-ce qu'elle était libre comme elle
est libre à présent? Parce que l'Inde n'est pas libre tout
entière. Elle est coupée.
Oh! Oh! c'est cela que tu voulais savoir !
Ça, les détails n'y étaient pas. Non, il devait y avoir une
possibilité que cela soit autrement, puisque, quand Sri
Aurobindo leur a dit de faire une certaine chose, leur a
envoyé son messages, il savait très bien que l'on pouvait
éviter cc qui s'est passé ensuite. Si on l'avait écouté à ce
moment-là, il n'y aurait pas eu de division. Par conséquent, la
division n'était pas décrétée, c'est une déformation humaine.
C'est incontestablement une déformation humaine.
Mais alors, comment peut-on dire que la décision du
Suprême est inéluctable?
Comment?
Si le Divin avait choisi que l'Inde serait libre...
Non, non, ce n'est pas comme cela, mon enfant! (rires)
C'est un fait, c'est tout. C'est le Divin qui est l'Inde, c'est
le Divin qui est la liberté, c'est le Divin qui est l'assujettissement,
c'est le Divin qui est tout — alors, comment
est-ce qu'Il a choisi?
' Rappelons qu'en 1942, au moment des "réformes" présentées par Sir Stafford
Cripps (réformes qui n'envisageaient pas encore l'indépendance de l'Inde, mais qui y
conduisaient), Sri Aurobindo prit la peine d'envoyer un émissaire spécial à Delhi afin
de convaincre les personnes responsables que les réformes devaient être acceptées. On
ne le comprit pas. Eussent-clics été acceptées, l'Inde aurait probable-ment évité la
partition du Pakistan et les atrocités qui l'accompagnèrent (Note de l'Éditeur).
(silence)
Je te conseille d'aller voir là-haut, comme cela tu
comprendras. Tant que tu n'auras pas grimpé l'échelle
jusque-là, ce sera difficile à comprendre.