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J'ai vécu ce matin, pendant deux heures, une sorte d'état
béatifique dans lequel il y avait une conscience si claire que
toutes les formes de la vie, dans tous les mondes et à tous
les moments, sont l'expression d'un choix — on choisit d'être
comme cela.
C'est très difficile à dire avec des mots... L'espèce
d'obligation dans laquelle on croit vivre et à laquelle on se
croit soumis, avait complètement disparu et c'était une
perception tout à fait spontanée et naturelle que la vie sur
terre, la vie dans les autres mondes, et tous les genres de vie
sur terre, et tous les genres de vie dans les autres mondes,
est simplement une question de choix : on a choisi d'être
comme cela et l'on choisit constamment d'être comme ceci
ou d'être comme cela, ou qu'il arrive ceci ou qu'il arrive
cela; et l'on choisit aussi de se croire soumis à une fatalité
ou à une nécessité ou à une loi qui vous oblige — tout est
une question de choix. Et il y avait un sentiment de légèreté,
de liberté, et puis un sourire pour toutes choses. Et en même
temps, cela donne un pou-voir formidable. Tout sentiment
d'obligation, de nécessité — et de fatalité encore plus —
avait complètement disparu. Toutes les maladies, tous les
événements, tous les drames, tout cela : disparu. Et cette
réalité concrète et si
• brutale de la vie physique : complètement partie.
J'ai vécu cet état pendant plus d'une heure et demie ce
matin. Après, j'ai été obligée de revenir.., à un état qui me
paraît artificiel, mais qui est obligatoire à cause des autres,
par le contact des autres et des choses et l'innombrable
quantité de choses à faire. Mais tout de même, à l'arrièreplan,
l'expérience reste. Et il reste une espèce de sourire
amusé pour toutes les complications de la vie — l'état où
l'on se trouve a été le fait d'un choix, et indivi-

duellement la liberté de choix est là, et les gens l'ont oublié.
C'est cela qui est si intéressant.
Et j'ai vu, en même temps, tout le tableau des connaissances
humaines (parée que, quand ces états sont là, toutes
les réalisations humaines, les connaissances humaines
viennent comme un panorama en face de l'état nouveau et
sont remises en place — toujours, toujours quand une expérience
vient, elle est comme rétrospective) et je voyais
toutes les théories, toutes les croyances, toutes les philosophies,
comment elles se rattachaient au nouvel état, c'était
amusant.
Et cela ne nécessite pas un repos. Ces expériences-là
sont tellement concrètes et spontanées et réelles (elles ne
sont pas l'effet d'une volonté et encore moins d'un effort)
qu'elles ne nécessitent pas un repos.
Mais ceux qui ont attrapé cette expérience pour une
raison quelconque, et qui n'ont pas eu toute une préparation
philosophique et mentale (les saints, ou enfin tous les gens
qui menaient une vie spirituelle), ont eu alors une
impression très aiguë de l'irréalité de la vie et de l'illusion
de la vie. Mais c'est seulement une façon étroite de voir. Ce
n'est pas ça — ce n'est pas ça, c'est tout qui est un choix!
tout, tout. Le choix du Seigneur, mais en nous; pas là (geste
là-haut) : ici. Et nous ne le savons pas, c'est tout au fond de
nous-même. Et quand nous le savons, nous pouvons choisir
— nous pouvons choisir notre choix, c'est admirable.
Et cette espèce de fatalité et de lien et de dureté de
l'existence : tout avait disparu. Tout disparu. C'était bleu
clair, rose clair, tout lumineux et clair et léger.
Je conçois très bien que ce ne soit pas une chose
absolue; c'était seulement une manière d'être, mais c'est une
manière d'être charmante... D'habitude, ceux qui n'ont pas
une préparation intellectuelle suffisante, quand ils ont une
expérience comme celle-là, ils croient avoir attrapé

"l'unique" vérité. Et alors, avec cela, ils dogmatisent. Mais
j'ai bien vu que ce n'est pas ça : c'est une manière d'être,
mais c'est une manière d'être admirable, n'est-ce pas,
infiniment supérieure à celle que nous avons ici. Et nous
pouvons l'avoir ici : je l'ai eue. Je l'ai eue d'une façon tout à
fait concrète. Et il y a toujours quelque chose qui ne va pas,
mal ici ou mal là, ou ça ou ça, et puis des circonstances qui
ne vont pas aussi, il y a toujours des difficultés — tout
cela... ça change de couleur. Et ça devient léger, léger —
léger, souple. Toute la dureté et la rigidité : parties.
Et le sentiment aussi que si vous choisissez d'être comme
cela, vous pouvez continuer à être comme cela. Et c'est vrai.
Ce sont toutes les mauvaises habitudes — évidemment, des
habitudes millénaires sur la terre —, toutes les mauvaises
habitudes qui vous empêchent; mais il n'y a aucune raison
que cela ne puisse pas être un état permanent. Parce que ça
change tout ! tout change!... Il est évident que si l'on devient
le maître de cet état-là, on peut changer toutes les
circonstances autour de soi.
Ces temps derniers (depuis assez longtemps), il y avait
cette même difficulté du corps, qui n'est pas limité et enfermé
dans une coque comme c'est le cas généralement, et
qui reçoit spontanément, pas même avec le sentiment de
"recevoir" : qui a les vibrations de tout ce qui l'entoure; et
alors, quand tout ce qui l'entoure est, au point de vue mental
ou moral, fermé, incompréhensif, c'est un peu difficile,
c'est-à-dire que ce sont des éléments qui viennent et qu'il
faut transformer. C'est une espèce d'ensemble (d'ensemble
très multiple et très instable) qui représente votre champ de
conscience et d'action, et sur lequel il faut travailler tout le
temps pour rétablir une harmonie, un minimum d'harmonie;
et quand quelque chose va "mal" selon l'idée ordinaire,
autour de vous, cela rend le travail un peu difficile. C'est à
la fois ténu et persistant et obs-

tiné. Je me souviens, juste avant l'expérience, il y avait dans
le corps une aspiration à l'Harmonie, à la Lumière, à une
sorte de paix souriante; le corps aspirait surtout à une
harmonie, à cause de toutes ces choses qui grincent, qui
grattent. Et probablement l'expérience a été le résultat de
cette aspiration.
Seulement, j'ai remarqué que dans la vie de ce corps, je
n'ai jamais eu deux fois la même expérience — je peux avoir
le même genre d'expérience à un degré supérieur ou à un
degré beaucoup plus vaste, mais jamais identiquement le
même. Et je ne garde pas l'expérience, je suis tout le temps,
tout le temps (geste en avant), tout le temps en route; n'est-ce
pas, le travail de transformation de la conscience est
tellement rapide, doit se faire tellement vite, que l'on n'a pas
le temps de jouir ou de s'appesantir sur une expérience ou
d'en avoir une satisfaction de longue durée, c'est impossible.
Ça vient fort, très fort, c'est-à=dire que ça change tout, et
puis, il y a quelque chose d'autre qui vient. C'est la même
chose pour la transformation des cellules : il y a toutes
sortes de petits désordres qui viennent, mais qui sont
visiblement, pour la conscience, des désordres de
transformation, et alors on se préoccupe de ce point-là, on
veut rétablir l'ordre; en même temps, il y a quelque chose
qui sait pertinemment que le désordre est venu pour faire le
passage du fonctionnement automatique ordinaire, au
fonctionnement conscient sous la Direction directe et
l'Influence directe du Suprême. Et le corps le sait lui-même
(tout de même, ce n'est pas amusant d'avoir mal ici ou
d'avoir mal là, ou ceci, cela qui se désorganise, mais il sait).
Et quand ce point-là est arrivé à un certain degré de
transformation, on passe à un autre point, puis on passe à un
autre, puis à un autre; alors rien n'est fait, aucun travail n'est
fait définitivement jusqu'à ce que... tout soit prêt. Alors, il
faut recommencer le même travail à un échelon supérieur,
ou plus vaste, ou avec plus d'intensité

ou plus de détail (cela dépend des cas) jusqu'à ce que tout
soit amené à un point homogène et prêt d'une façon analogue.
Selon ce que je vois, cela va aussi vite que ça peut aller,
mais cela prend beaucoup de temps. Et tout est une question
de changer l'habitude. Toute l'habitude automatique des
millénaires doit être changée en une action consciente et
directement guidée par la Conscience suprême.
On a tendance à dire que c'est beaucoup plus long et
beaucoup plus difficile parce que l'on est entouré de gens et
que l'on agit dans le monde, mais si l'on n'était pas dans ces
conditions-là, beaucoup de choses seraient oubliées,
beaucoup. Beaucoup de choses ne seraient pas faites. Il y a
toutes sortes de vibrations qui ne sont pas en affinité avec
cet agrégat-lài et qui n'auraient jamais eu l'occasion de
toucher la Force transformatrice si je n'étais pas en rapport
avec tous les gens.
Il est de toute évidence — il est de toute évidence —
que l'on est mis dans les conditions les meilleures et avec le
maximum de possibilités pour l'action.., quand sincère-ment
on le veut.


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